La chronophotographie est principalement utilisée pour sa capacité à décomposer le mouvement. Une fois cette suite de postures capturée, il ne s’agissait que de les mettre en relations temporelles pour donner naissance à l’animation... Une chronophotographie représentée sur une seule image permet une matérialisation visuelle du mouvement, et par là même du temps.

Les avancées de techniques photographiques permettent maintenant d’obtenir une chronophotographie avec un stroboscope imprimant ainsi le mouvement sur une seule image avec une longue pause. Le numérique, lui, permet d’obtenir une chronophotographie en postproduction en superposant différents clichés. En jouant avec ces différentes techniques, la photographie numérique permet d’obtenir une matérialisation visuelle du mouvement dans l’espace (temps).

La chronophotographie permet une vision temporelle de nos mouvements que l’on ne peut percevoir autrement. C’est un moyen de visualiser le temps et l’impact qu’il a sur nous. C’est également une technique permettant d’analyser nos déplacements dans l’espace afin d’en sortir des modèles et de les travailler pour sans cesse les optimiser. Son utilité dans la compréhension de l’anatomie et le sport a certainement amené ces domaines à évoluer grandement !

Cette matérialisation visuelle de nos mouvements donne une image mettant en évidence notre consommation spatiale et par là même relevant l’importance de l’espace nous entourant. De plus, les formes ainsi obtenues dénotent une qualité organique (naturelle) du mouvement. Un geste optimisé laisse apparaître une certaine fluidité dans la continuité spatiale qu’il engendre.

La chronophotographie est pour nous une technique permettant de comprendre visuellement l’espace nécessaire à l’être humain pour simplement « être ». Ainsi, une appropriation de cette technique par l’architecture permettrait de renforcer ce système de relation spatiale entre l’utilisateur et le construit. De plus, cette méthode de représentation exprime, à notre sens, la propriété principale de l’espace qui est d’être à disposition pour permettre le mouvement.

La forme abstraite extrapolée du mouvement donne à voir des courbes organiques générées par le processus mainte fois répété et optimisé par l’être humain qu’est le mouvement. Il y a dans cette abstraction formelle une rigueur et une « justesse » du tracé qui peut conceptuellement apporter à l’architecture une démarche projectuelle.