Les différents types d’espaces énoncés précédemment introduisent de manière phénoménologique la représentation que l’Homme se fait de son environnement. 

Il reçoit les informations de ses différents sens de manière inconsciente qu’il va ensuite interpréter consciemment, et ainsi altérer les données sensorielles « brutes » selon son vécu.

Ce mécanisme intellectuel va donner naissance à une représentation perceptive du monde qui l’entoure.

En parallèle, une représentation symbolique apparaît par la mise en résonnance de ses souvenirs et l’évocation d’images précédemment interprétées.

Étudions à présent l’enjeu de la représentation : rendre sensible. Les relations sensorielles que nous entretenons avec la représentation passent forcément par notre système perceptif. À travers lui nous formulons une interprétation différente de ce que nous percevons, car nous ne pouvons pas faire abstraction de notre vécu et de notre expérience individuelle.

Par action de « rendre sensible », la représentation entretient un lien étroit avec le domaine de la perception. Ainsi nous pouvons écrire que tout ce que nous percevons vient de notre représentation au travers de laquelle nous mettons en relation l’influx nerveux perçu par nos sens avec un symbole ayant une connotation individuelle particulière. Du fait de cette correspondance systématique entre le perçu et l’interprétation que nous en faisons il y a système de représentation.

Nous pensons intéressant de développer d’un point de vue phénoménologique la représentation que l’Homme se fait des espaces architecturés. Si l’architecture est un art s’occupant de l’espace et que l’espace n’existe qu’avec un système de relations entre la personne et la forme, alors l’architecte a fort intérêt à connaître ces « relations ».

Les relations qui nous intéressent ici sont de nature perceptive, ou plus particulièrement de nature représentative. Par les relations qu’une personne met en place dans la construction de sa représentation, issue de sa perception, en évoluant dans un environnement architecturé, elle va générer son propre espace. Ces relations, d’aspects perceptifs et symboliques vont lui faire vivre cet espace de manière unique.

Du fait que les personnes génèrent elles-mêmes leur propre ressenti spatial, nous pensons qu’un des rôles primordiaux de l’architecture est d’offrir aux espaces la possibilité d’évoquer certains types de relations. 

De ce lien étroit entre le perçu et son interprétation mentale naît un souci de communication. Au fil de son évolution, l’homme n’a jamais cessé de chercher à comprendre comment donner de la profondeur à ce qu’il donne à voir. Cet acte de vouloir communiquer graphiquement a conduit à développer des moyens artistiques donnant du sens au dessein de l’image.

Nous arrivons donc à la question fondamentale qui nous anime dans ce travail : comment communiquer l’idée (l’image mentale de l’idée) que nous nous représentons ? 

Nous sommes d’avis que ce genre de question n’implique pas de trouver une réponse facilement énonçable. Elle nous mène seulement au développement d’une approche théorique, voire artistique. La réponse sera prépondérante au savoir et aux outils que nous avons à notre disposition à un moment donné.

Ainsi pour approfondir cette approche, nous nous intéressons, dans cet énoncé, à la représentation visuelle. C’est-à-dire à ce qui est perçu et interprété sous forme d’image.